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POTEAUX ABSTRAITS

Alors que les différents styles de gardiens funéraires et de poteaux-supports évoqués ci-dessus ont largement évolué dans le temps, d’une quasi-abstraction vers un naturalisme, un autre courant stylistique très inhabituel semble, lui, avoir, au contraire, subi une dévolution au fil du temps. Il s’agit des poteaux de soutènement présentant, à divers degrés, une abstraction figurative. Au-dessus d'un poteau cylindrique haut et mince, ils présentent une large surface plate surmontée de deux tenons, à chacune des extrémités, destinés clairement à soutenir un autre élément, très probablement une poutre ou un plancher de plateforme funéraire.


La majorité des exemplaires connus présentent un motif similaire, sculpté en haut-relief sur la partie supérieure du support. Il illustre généralement une tête de type PSH au-dessus d'un torse et de membres sauvagement déconstruits. En bas de la partie centrale, se trouve une autre tête, à l’envers toutefois, souvent d'un autre type PSH, avec un torse et des membres semblablement démantelés et partageant la partie corporelle de la figure supérieure (planches 69 à 72). Quelquefois, le motif de cette tête positionnée en bas et à l’envers, est animalier et partage les mêmes parties de corps déstructurées avec la figure principale (planche 69). Pour certaines versions, encore plus abstraites, les qualités anthropomorphiques sont à peine identifiables sans le recours à la comparaison avec d'autres exemplaires (planche 73).

  Le plus vieil objet connu avec cet ensemble de motifs est beaucoup plus grand que la plupart des autres exemplaires connus et sa datation indique une ancienneté d'environ 800 à 900 ans.

La plupart de ces poteaux ne semblent pas être âgés de plus de quelques centaines d’années, les plus anciens apparaissant être moins abstraits que les plus récents. Néanmoins, trop peu d'exemplaires ont été datés au 14C pour pouvoir clarifier ce point historique. Le plus vieil objet connu avec cet ensemble de motifs (planche 68) est un poteau beaucoup plus grand que la plupart des autres exemplaires connus et sa datation indique une ancienneté d'environ 800 à 900 ans. Les motifs sont, ici, reproduits plus clairement et sculptés en haut-relief, ascendants d'un côté, descendants de l'autre. Une comparaison et une explication détaillées de ses motifs sont décrites dans l'exemple 1 de l'appendice « Décrypter l’Art Kayan ». Enfin, il existe une autre variante dans ce genre qui fonctionne sensiblement de la même manière que les autres poteaux plus abstraits, bien qu'elle soit assez différente. L'objet de la planche 74 a la même structure large et plate au sommet d'un poteau rond plus étroit, et ce qui reste de deux minces tenons supérieurs. Sans la double image inversée des exemples précédents, il représente plutôt une figure verticale unique. Une explication détaillée de ce motif se trouve dans l'exemple 4 de l'appendice « Décrypter l’Art Kayan ».


Mark Johnson